Boas et miettes de cœur

01/02/2021

IMPORTANTE Mis à jour de l'auteur en date d'aujourd'hui 2 janvier 2020:

Voici la suite du deuxième chapitre officiel de mon livre. Comme le premier, il sera lui aussi divisé en plusieurs points de vue de divers personnages. Je trouve intéressant de faire cela pour illustrer diverses interprétations d'une même situation.

Donc on commence par terminer le point de vue d'Étienne (déroulez l'écran jusqu'à atteindre la partie en caractère gras du texte. Celle-ci est nouvelle).

Ensuite, je vous présenterai le point de vue de Michaëla. Vous ne la connaissez pas beaucoup, c'est normal, je vais l'introduire graduellement. Michaëla c'est la blonde de Laurianne. Laurianne étant la meilleure amie de Jade. Cette partie se déroule quelques minutes avant l'accident de Jade. Suite la semaine prochaine!

Déroulez au bas de l'écran pour accéder à son point de vue. Vous verrez «Michaëla » surmonté du symbole « *** »

Bonne lecture!

Rainbow

*

Etienne

-Monsieur Courschênes? Allô?

Je savais que le premier répondant me parlait, mais dans mon cerveau congelé par la peur, le son me parvenait de loin -trop loin - et j'attrapais seulement quelques mots au vol. J'essayais de former les mots pour lui répondre, mais chaque fois que j'ouvrais la bouche, le son refusait de sortir, étranglé par le boa constricteur qui s'était enroulé autour de ma gorge. Je fermai les yeux, me forçant à inspirer un grand coup. Ce n'était absolument pas le moment de céder à la panique.

Ressaisis-toi, merde, t'es médecin! Sers-toi de ton expérience pis imagine que c'est un patient à l'autre bout du fil.

Malgré ma gorge nouée, je réussi finalement à inspirer profondément. Bon, c'était mieux. J'ouvris les yeux et je me sentis basculer en Mode Urgence. J'observai mes jointures blanchies par l'effort et relâchai ma prise sur le comptoir. Je m'affalai sur une chaise près de l'îlot.

-Monsieur Courschênes? Monsieur Courschênes, êtes-vous toujours là? Je crois qu'on a été coupés. Je vais-

-Attendez! Je suis là, je suis là, excusez-moi. Pourriez-vous répéter ?

Ma langue avait choisi ce moment pour se délier.

-Je disais que votre femme a eu un accident de voiture. Elle a été transportée au CHUM dans l'aile maternité. Je vais aviser l'hôpital que vous êtes en route.

Mon cœur rata plus d'un battement au mot « maternité ». Et s'il était arrivé quelque chose au bébé ? Je secouai la tête et me fis violence: Il fallait que je garde ma tête hors de l'eau et que je l'empêche de plonger dans les pires scénarios.

-D'accord . Je m'y rends immédiatement. Merci.

Je tentai de raccrocher, mais je dû m'y reprendre à deux fois;  mes doigts tremblaient trop pour appuyer fermement sur la touche.

Inspire, expire. Inspire, expire.

Je pris une nouvelle goulée d'air, rangeant tant bien que mal mon cellulaire dans la poche de mon jeans.

Clés. Oreiller. Téléphone.

Je dressai mentalement la liste de ce dont j'avais besoin pour l'hôpital. Le cellulaire, je l'avais sur moi, c'était déjà ça de pris. Je volai à notre chambre à coucher et m'emparai d'un oreiller. Une bouffée du shampooing aux pêches de Jade me monta brusquement au nez et je faillis éclater en sanglots. Je pouvais sentir sa présence tout près.

Mode médecin, Étienne, Mode médecin. 

Inspire, expire. Je me pinçai le nez pour retenir mes larmes et repliai l'oreiller sous mon bras. Comme un zombie sur le pilote automatique, je me dirigeai de nouveau vers le vestibule et attrapai le trousseau de clés dans la petite coupelle en bois prévue à cet effet. Je souris tristement : Jade avait tellement insisté pour qu'on ait ce maudit bol pour ranger les clés. « Comme ça, on ne les cherchera plus jamais! »

Mauvais joueur, Je m'étais moqué d'elle en la traitant de petite vieille. Aujourd'hui, ce petit bol me sauvait de précieuses minutes. Je remerciai mentalement ma femme en me promettant de le faire en personne.

J'éteignis la lumière et quittai l'appartement, verrouillant la porte derrière moi.

J'avais l'impression d'avoir passé des heures à rassembler ces trois petits trucs. Paniqué à l'idée d'avoir perdu du temps, je consultai ma montre et poussai un soupir de soulagement : 14h05. Il ne s'était écoulé pas plus de cinq minutes.

Je m'engouffrai dans l'ascenseur toujours bondé de monde même en ce samedi après-midi et appuyai prestement sur le bouton Rez de chaussée, pressé de sortir et éviter le bavardage. La chance était de mon côté car tout le monde ou presque avait les yeux rivés sur leurs écrans et quatre locataires sur cinq allaient au premier.  Arrivé au bon étage, je me propulsai hors de l'habitacle sans demander mon reste.

Dans ma course, je me saisis de mes clés de voiture et appuyai frénétiquement sur le démarreur à distance. Je déposais l'oreiller de Jade sur la banquette arrière de mon Chevi rouge lorsque les premières mesures de la sonnerie réservée à Wes, A God Like you, se firent entendre dans la poche de mon pantalon. Je fermai la portière d'un coup sec et attrapai mon cellulaire. Normalement je laissais jouer la chanson gospel hip-hop quelques secondes avant de répondre parce que les paroles à saveur spirituelles me faisaient toujours du bien, mais je savais que chacune de mes secondés était comptées aujourd'hui. J'appuyai désespérement sur le petit téléphone vert pour répondre, actionnant le main-libre du même coup.

-Oui?

-Bon! Enfin! Je t'ai texté pis tu répondais pas. Écoute petit bonhomme, je m'excuse pour-

- C'est vraiment pas le bon temps, man. Je peux te rappeler plus tard?

-Euh oui, oui, je-

-Ok! À plus

-Wô, me coupa doucement mais fermement mon vieil ami. Es-tu sûr que tout est correct? Ta voix est pas comme d'habitude.

-Oui, oui, ça va.

S'il te plaît, le priai je intérieurement. Laisse tomber, Wesley . Pour une fois, laisse tomber.

Apparemment, la vie avait d'autres plans.

-Tu sais, on s'est toujours expliqués toi pis moi pourtant, et j'aimerais juste-

Ah et pis au diable la politesse!

- Ostie Wes, c'est Jade, es-tu content là?! Elle a eu un accident.

Silence.

-Wes? Allô? Allô!

J'entendais un clic.

-Eh, fuck! Je suis là, je suis là, bro j'ai juste mis mes écouteurs Bluetooth. Bon, t'es où là?

Il m'énervait avec son calme olympien.

-Dans le stationnement chez nous. Je m'en vais à l'hôpital.

-Dans cet état là? No way. Je saute dans ma jeep pis j'arrive je suis au café à côté de chez vous. J'y serai dans cinq minutes max.

J'appuyai lourdement la tête contre le volant, dépité.

-Cest vraiment pas necess-

-Ça va aller, je te le promets. On va y arriver ensemble je te le promets. À toute suite.

Comme s'il sentait que j'avais besoin de lui-même si je disais le contraire, la voix chaude et grave de Wes s'était adoucie davantage. Il avait le même ton rassurant que quand j'étais gosse. Je sentis les sanglots monter et cette fois-je ne fis rien pour les empêcher.

Lorsque je relevai finalement la tête de sur le volant,  j’avais l’impression  d’avoir vidé mon corps de 70% de son eau tellement j'avais pleuré. Je me sentais comme une coquille vide d’émotions maintenant.  Le coup de klaxon familier de mon ami m’extirpa brièvement de ma torpeur et je montai dans le véhicule de Wes. 

On fit le trajet dans un silence absolu. Je savais mon ami voulait me donner l'espace nécessaire pour que ma peine puisse exister et je lui en étais reconnaissant. Dès que Wesley se stationna devant l'hôpital, je bondis hors du véhicule comme s'il était en feu. Chip, le labrador brun chocolat de Wes, me suivait à la trace. 

En entrant dans l'hôpital, mon corps fonctionnait carrément comme un zombie sur le pilote automatique. Comme s'il voulait palier à mon mal-être, je sentis le chien se frotter doucement contre ma jambe avant de revenir docilement auprès de Wes. Mon corps, congelé par la peine et la peur, se réchauffa un peu.

 Ce chien n'était pas un animal comme les autres. En effet, suite à sa deuxième cure de  désintoxication en avril 2014, Wes s'était et informé, et, après mûre réflexion et discussions avec son sponsor des AA et NA,  il avait décidé  de s'enquérir de la possibilité d'avoir un chien d'assistance psychologique en plus du soutien constant de Damien, qui agissait à titre d'ami et sponsor. Après trois, presque quatre années d'attente, on lui avait présenté son nouveau compagnon de vie. 

Séduit par son pelage chocolat au lait et ses  grands yeux noisette aux paillettes d'or qui voyaient tout, Wes décida de l'appeler Chip. Chip, C'était le mot anglophone pour désigner les ``jetons`` qu'on donnait aux participants pour souligner leur six ou douze mois de sobriété.

Le nom lui convenait parfaitement, et Wes se sentait empreint de fierté chaque fois qu'il le prononçait.

Chip lui avait-t-on expliqué,  pouvait l'aider à voir venir les crises d'angoisse sévères qui, chez Wes, précédaient toujours les envie de boire ou de consommer. Souvent, les crises se manifestaient suite à de mauvaises rencontres dans les rues avec des ``anciens amis`` pushers ou bien des ``visites`` à la pharmacie pour s'acheter des ``Kleenex`` durant lesquelles Wes ne pouvait s'empêcher d'errer dans les allées des médicaments.

Guidé par sa truffe infaillible, le chien d'assistance sentait l'odeur de l'angoisse dans l'air bien avant qu'elle ne se manifeste chez son maître. Il venait se coucher sur lui pour le prévenir et ainsi créer un effet d'apesenteur et d'apaisement. Une fois le plus gros de la crise passée, Wes migrait vers sa chambre où il se déposait le temps d'une méditation ou d'une séance de musculation  pour achever de dissiper. son malaise. 

-Étienne?

Je sursautai en sentant la main rassurante de Wes effleurer mon épaule J'avais vraiment perdu la carte pendant plusieurs minutes. Peut-être que mon cerveau avait basculé en mode veille pour permettre à mon pauvre coeur de récupérer des coups de batte de baseball qu'il avait reçus.

-Oui?

-On est rendus à la salle d'attente, buddy. J'ai parlé à l'infirmière au triage. Jade est en résonnance magnétiques pour évaluer s'il y a des-

-Dommages au cerveau, oui, je sais, répétai-je d'une voix monocorde. Je suis médecin quand même.

Dès qu'ils auront fini ils préviendront l'infirmière tu pourras aller la voir.


15 minutes précédant l'accident de Jade:

***

Chez Michaëla et Laurianne


Babe?

Dans la cuisine! cria Laurie. Tu sais, la pièce que tu m'avais promis de repeinturer en fin de semaine? Ça te reviens?

Mikkey grimaça.

Mon amie n'avait clairement pas encore pardonné sa douce d'avoir oublié sa réunion de staff de ce matin. Il y en avait une par mois avec quelques postes de police du district, et bien sûr il fallait que ça tombe aujourd'hui -un samedi en plus. Ça faisait presque deux semaines que Mikkey s'était offert pour redonner quelques couches à la peinture plus qu'écailée de leur cuisine sans consulter son agenda. Grave, grave erreur. 

Celle que je surnommais affectueusement «la tornade» était partie en coup de vent ce matin en  laissant une note sur l'oreiller, lui promettant de trouver une façon de se faire pardonner. Elle espérait réussir.

Je t'ai rapporté une sur-prise! Claironnai-t-elle.

Michaëla glissa la tête dans l'entrebâillement de la cuisine, brandissant un sac en papier à l'effigie de « Gypsy's » , leur brûlerie préférée.

Laurie releva la tête en apercevant son calumet de paix.

-C'est mieux d'être des brioches aux abricots, murmura-elle en la dardant du regard noir dont elle avait le secret.

Non, mais quelle princesse celle-là des fois!  

-Viens-voir par toi-même dit-elle plutôt tout haut.

Laurianne déposa finalement son pinceau sur la toile blanche par terre.

Elle m'arracha presque le sac des main et l'ouvrît. Ma diva préférée porta la pâtisserie à son nez et l'huma, les yeux fermés.

-Ça fera, dit-elle enfin du bout des lèvres.

Je levai discrètement les yeux au ciel. Diva un jour, diva toujours

-J'imagine que ce que tu voulais dire c'est, « merci chérie, c'est adorable de ta part d'avoir fait un détour par chez Gypsy's en pleine heure de pointe pour me rapporter ma pâtisserie préférée. On oublie tout et on recommence. »

-Pousse pas ta chance.

Pourtant, incapable de résister plus longtemps, Laurie plongea la main dans le sac en papier brun pour en extirper la douceur feuilletée. Elle mordit à belle dents dans sa viennoiserie.

Victoire! La pâtisserie fera le reste.

-Oh my god miam! Murmura Laurie, les yeux clots. Toutes les recettes que j'essaient goûtent le papier sablé en comparaison.

Je souris à voir son plaisir et m'autorisai enfin à jeter un œil à l'état de la cuisine. De dire que ma blonde ne ferait pas carrière comme peintre était un euphémisme : il y avait des zigzag de peinture qui zébraient les murs et des coulissûres partout. Nos amis se croiraient dans une maison hantée chaque fois qu'ils viendraient souper, mais je me promis une réaction enthousiaste.

Mes lombaires étaient encore douloureux après le dernier assault du divan lit d'invités que j'avais subi lorsque j'avais «osé critiqué » Laurianne et je n'avais aucune envie de répéter l'expérience .

Je m'achetai du temps, optant d'attendre qu'elle ait terminé avec sa pâtisserie avant d'ouvrir la bouche.

-C'était bon?

Laurie me fusilla du regard, croisant les bras sur sa poitrine.

-C'était mangeable.

-Oh, come on! C'était écœurant tu viens de le dire toi-même avoue!

-Je n'avouerai rien du tout tant que tu ne m'auras pas présenté tes excuses.

Maudite tête dure!

Je pris une grande respiration. Inutile de jeter de l'huile sur le feu, Polanski. Mets ton orgueil de côté et sois adulte.

Je posai doucement les mains sur les épaules de Laurianne et la regardai droit dans les yeux. Avec les années, j'avais perfectionné Le Regard, celui qui faisait immanquablement dérober les genoux de Laurianne sous elle. Ça marchait à tout coup, ses jambes devenaient molle comme du jell-o. .

-Je suis désolée, babe. Je vais mieux regarder mon horaire la prochaine fois.

Ma voix avait un timbre très doux et contrit, le registre auquel seule ma blonde avait droit.

Je retins un sourire en voyant ses bras se décroiser doucement .

-Tu me pardonnes? .

-Mouaaaaais. Ça reste à voir.

Je voyais au fond des yeux pairs de ma rouquine préférée que la partie était gagnée, mais je sortit tout de même ma carte maîtresse.

Relâchant ses épaules, je ne la quittai pas des yeux et me glissai derrière elle. J'écartai doucement sa longue tresse de feu et déposai un baiser

léger dans son cou, juste derrière son oreille.

Comme chaque fois, sa respiration s'accéléra et je sentais son cœur faire des triples saltos arrière dans sa poitrine. J'avais encore la touch.

-Et maintenant? Murmurai-je dans son oreille. Est-ce que c'est oublié ?je te promets que je vais me rattraper... Je peux même commencer maintenant si tu veux.

L'air d'être plus que d'accord, Laurie avait les yeux fermés et un léger sourire.

Elle est peut-être un peu princesse, mais je l'échangerais pour rien au monde!

Je m'apprêtais à poursuivre sur ma lancée lorsque j'entendis mon cellulaire de travail vibrer dans ma poche.

-Réponds pas!

Je ris doucement, caressant sa joue.

-Tu sais que j'ai pas le choix c'est la job.

-Mais tu viens juste de revenir d'une réunion au bureau! Un samedi en plus!

Elle poussa un soupir à fendre l'âme et se dégagea de mon étreinte en s'affalant sur une chaise de cuisine. J'extirpai mon cellulaire de ma poche, consultant l'afficheur.

C'était Annie St-Saveur, ma partner. Elle prenait parfois le shift de fin de semaine quand l'équipe était débordée au poste. J'appuyai sur le bouton d'usage pour répondre.

-Hey Salut Sergent St-Sauveur! Ça va toujours aussi bien qu'il y a une heure? Parce qu'on m'attends pour réparer les dégâts de peinture de ma blonde dans ma cuisine.

Je ponctuai ma phrase d'un clin d'œil à Laurianne. Elle me fusilla du regard.

-Je m'excuse de te déranger. Je sais qu'on vient de rentrer du bureau.

-Pas grave, shoot. C'est dans la description de tâche d'un S.D. de pas avoir de fin de semaine , anyway.

Ma collègue semblait hésitante.

-Mikkey, c'est pas des bonnes nouvelles.

J'eus l'impression de recevoir une douche glaciale doublée d'un coup de poing dans le ventre.

-Envoyes Annie, craches le morceau.

Ma blonde leva des yeux inquisiteurs vers moi et je lui fis un demi sourire pour la rassurer.

-C'est ton amie.

La sensation de coup de poing dans mon ventre s'était métamorphosée en nœud coulissant.

-Laquelle ?

-C'est -Jade.

J'avais soudainement besoin de m'asseoir . J'attrapai la chaise près de Laurie et m'y déposai, les jambes en coton. J'imagine que je devais avoir changé de face et de couleur, parce que ma rouquine préférée entrelaça ses doigts dans les miens, ne me quittant pas des yeux.

Je me forçai à respirer normalement même si l'étau dans mes tripes se resserrait.

-J't'écoutes.

-Elle a eu un accident.

Par chance, j'étais assise parce que dans le cas contraire, le sol se serait dérobé sous mes pieds.

-Un gars l'a pas vue en grillant un feu rouge pis il l'a percuté.

Inspire. Expire. Inspire, expire Polanski. Ça va servir absolument à rien de paniquer. Prends toutes les informations. Sers-toi de tes six ans d'école de police, let's go! Mode pilote automatique.

-Ok. Est-ce qu'il y a des témoins?

-Oui, une femme, Margot Trottier. Elle a appelé les secours et elle va rester avec Jade jusqu'à ce qu'ils arrivent.

-Ok c'est bon.

Laurie articulait silencieusement des questions devant moi : quoi? Qu'est-ce qu'il y a? C'est qui?

Je la brossai du revers de la main et secouai la tête. J'avais besoin de toute ma concentration.

-Ann, dans quel état est la voiture?

-Perte totale. Ça été un impact foudroyant.

Je fermai les yeux quelques instants et déglutis péniblement.Tabarnac.

-Pis Jade?

-Elle a perdu beaucoup de sang, Mik. Elle reçu un violent coup à la tête juste avant que les airbags se déclenchent. Au moins elle n'a pas de saignements au ventre au premier abord donc peut-être que le bébé n'a rien.

J'avais un goût de bile qui me montait à la gorge.

Surtout, gardes ton calme. Fais pas paniquer Laurie.

Je fis mentalement le tour des questions d'usage.

-Est-ce qu'il y a d'autres blessés?

-Non. Le conducteur n'a rien. Il est juste sous le choc. Il attend les paramédicaux avec nous,

Ok c'est bon. Avez-vous appelé l'identité judiciaire?

-Ils sont en chemin, mais c'est par pure précaution parce que tout semble pointer vers un accident.

Je passai en mode overdrive. Je me sentais toujours en contrôle relatif quand il y avait des vérifications à faire.

C'est qui les patrouilleurs qui l'ont trouvée?

-Fortin pis Simard.

Ok. Ok, c'était les meilleurs. ils avaient plus d'une décennie d'expérience dernière la cravate.

Je pressai la main de Laurianne et trouvai je-ne-sais-où la force de lui faire un clin d'œil. Je relâchai doucement sa main et me levai calmement. J'attrapai ma veste en cuire noir derrière le dossier de ma chaise..

-C'est bon, Annie, merci d'avoir téléphoné. J'arrive. Dis-moi de quoi t'as besoin.

-Que tu restes chez toi.

-Ben oui, c'est ça.

J'attachai prestement la ceinture de mon blouson et vérifiai machinalement que j'avais mes clés de moto. C'était le cas.

-Mikkey , fais pas ça. Ça sert à rien pis tu le sais. Je ne t'apprends rien si je te dis que tu vas être en conflit d'interêt jusqu'aux oreilles si tu débarques.

-M'en fous. Pourquoi tu m'as appelé d'abord si c'était pour me dire de pas venir?

Laurianne arqua un sourcil. Je secouai de nouveau la tête. Ce n'était pas le moment.

-Je t'ai appelé par respect! Aboia ma partner, habituellement si douce et patiente. Je l'ai fait pour éviter que tu l'apprennes au bulletin de nouvelles de six heures. Est-ce que ça te vas comme raison?

Je fis silence, laissant passer une minute. Je respirai un grand coup en me reprenant en main, me passant une main sur le visage.

-S'cuse moi, partner. T'as raison je le sais ben. Je suis juste -

-Morte d'inquiétude, je le sais, Mik. La lieutenante s'en vient. Jade est entre bonnes mains.





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